Voix autochtones d’aujourd’hui : cinq livres à lire absolument
De plus en plus souvent en vedette dans les vitrines des librairies et les présentoirs des bibliothèques, les littératures autochtones ne cessent d’étonner et de ravir les lecteurs et les lectrices grâce à leur audace et à leur vivacité. Dave Jenniss, commissaire de l’événement Micro ouvert autochtone, nous propose cinq titres dans lesquels nous plonger sans tarder.
Les 20 et 21 novembre prochains auront lieu à la Place des Arts les journées Micro ouvert autochtone. Dave Jenniss, le commissaire de l’événement, a imaginé pour l’occasion un vaste programme d’activités pour enrichir notre connaissance des cultures des premiers peuples. « Notre territoire, votre rencontre » : voilà la formule qui a guidé ses choix, loin de tout folklore. L’homme de théâtre né d’un père autochtone de la nation Wolastoqiyik Wahsipekuk précise qu’il ne s’agit pas seulement de géographie, mais surtout de « territoires intérieurs »; ceux-là mêmes qu’explorent les œuvres qu’il nous présente ici.
Chasseur au harpon, Markoosie Patsauq, Boréal, 2021 (roman)
Paru il y a plus de 50 ans, mais toujours redoutablement puissant, Chasseur au harpon est le premier roman à avoir été publié en inuktitut. Quelques mois seulement après le décès de son auteur, le regretté militant inuk Markoosie Patsauq, Boréal en lance une nouvelle traduction française. Pour Dave Jenniss, cette lecture est incontournable : « Cette histoire, qui nous offre une vision vivante des communautés inuites, est issue de la transmission orale et elle est maintenant sur papier. L’écriture de Patsauq nous transporte dans l’Arctique pour affronter, mais aussi vénérer l’ours polaire. Une belle lecture du soir, pour rêver de chasse! »
Un thé dans la toundra, Joséphine Bacon, Mémoire d’encrier, 2009 (poésie)
« C’est la voix des ancêtres que l’on entend en lisant les mots de Joséphine Bacon », affirme Dave Jenniss au sujet des poèmes de son recueil Un thé dans la toundra. Réalisatrice autochtone pionnière tout autant que femme de lettres reconnue à travers la francophonie, poétesse, traductrice, parolière et enseignante, Joséphine Bacon est née en 1947 dans la communauté innue de Pessamit. Toute son œuvre est traversée par son amour inuktitut pour le territoire et la langue de ses ancêtres. « Ce livre me fait voyager dans le grand territoire innu. Il offre un grand enseignement sur l’importance de la transmission. »
Chroniques de Kitchike : la grande débarque, Louis-Karl Picard-Sioui, Hannenorak, 2017 (nouvelles)
Le créateur pluridisciplinaire d’origine wendat Louis-Karl Picard-Sioui a signé plusieurs poèmes, essais et textes pour la jeunesse avant de faire paraître un recueil de nouvelles fort remarqué, Chroniques de Kitchike : la grande débarque. Dave Jenniss a été captivé par ce récit corrosif et haut en couleur qui nous propose une incursion pour le moins inusitée dans la réalité autochtone. « C’est un voyage dans une autre dimension : la vie des habitants de Kitchike, communauté fictive, mais qui ressemble au plus haut point à certaines communautés autochtones! Un vent de fraîcheur littéraire. »
Chauffer le dehors, Marie-Andrée Gill, La Peuplade, 2019 (poésie)
Exutoire à la douleur amoureuse, écriture des forces apaisantes de la nature, entre nostalgie et célébration, la poésie de Marie-Andrée Gill nous offre un refuge contre le monde. L’autrice originaire de Mashteuiatsh au Saguenay–Lac-Saint-Jean signe avec Chauffer le dehors un troisième recueil qui confirme son statut d’icône de la poésie autochtone québécoise. Voici ce que Dave Jenniss en pense : « Grâce à son écriture franche, vraie et imagée, la poésie de Marie-Andrée Gill va droit au cœur. La beauté de sa langue et ses vastes métaphores nous laissent rêver… Un livre qui fait du bien. »
Okinum, Émilie Monnet, Les Herbes rouges, 2020 (théâtre)
Okinum, première pièce d’Émilie Monnet, a été célébrée lors de sa création en 2018 au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui. L’artiste multidisciplinaire née d’une mère anishinaabe et d’un père d’origine française y livre un récit très personnel sur sa quête identitaire et linguistique. Pour Dave Jenniss, « Émilie porte un questionnement essentiel qui nous fait comprendre la complexité d’être autochtone au 21e siècle. Elle se rappelle la mémoire des ancêtres et cherche à se réconcilier avec ses multiples visages. Sa pièce est une ode à la puissance du rêve et de l’intuition de l’humain… » Publié l’an dernier, le texte vaut le détour.