Raconte-moi Lhasa
Janvier 2020 correspondra aux 10 ans de la mort de Lhasa de Sela, une artiste qui a marqué la scène musicale québécoise par sa voix à l’expressivité unique et son style inspiré de son enfance bohème entre les États-Unis et le Mexique. À l’approche du retour du spectacle Danse Lhasa Danse à la Place des Arts, quatre artistes qui ont connu la chanteuse ou fréquentent son œuvre nous racontent leurs souvenirs et nous parlent de son héritage artistique.
Il y a des personnes qui passent rapidement dans nos vies et qui, pourtant, y laissent une trace indélébile. Lhasa de Sela en fait partie. Morte à 37 ans, en janvier 2010, elle a reçu des hommages sentis qui montrent à quel point la chanteuse et son œuvre ont marqué le Québec et sa scène artistique. Pierre-Paul Savoie, Alexandre Désilets, Yves Desrosiers et Patrick Watson sont de ces artistes que Lhasa a su toucher profondément.
Pierre-Paul Savoie : une amitié posthume
Production de la compagnie PPS Danse dont Pierre-Paul Savoie signe la mise en scène, Danse Lhasa Danse est une œuvre chorale qui réunit sur scène une quinzaine d’interprètes mettant leur talent au service du répertoire de Lhasa. Fortement acclamé lors de sa création en 2011, le spectacle fait son grand retour en 2020. « Avec les 30 ans d’existence de PPS Danse, les 10 ans de la mort de Lhasa et l’amitié posthume que j’entretiens avec elle, cette deuxième mouture allait de soi, dit le metteur en scène. Et le plus fou est j’ai rencontré Lhasa une seule fois dans ma vie ! C’était dans la rue, nos regards se sont croisés… Après son décès, je me suis mis à écouter sa musique de manière obsessionnelle. Sa capacité à chanter la vie et la mort me bouleversait. Et tranquillement, l’envie de lui rendre hommage par la danse et le corps a jailli. »
Alexandre Désilets : une influence musicale
L’auteur-compositeur-interprète Alexandre Désilets est l’un des chanteurs du spectacle Danse Lhasa Danse. Bien qu’il n’ait pas connu Lhasa personnellement, cette nomade qui avait adopté le Québec a eu une influence musicale majeure sur lui : « J’ai été particulièrement charmé par le raffinement des arrangements de son premier album, La Llorona. J’ai alors fait des recherches sur Lhasa et ses collaborateurs, Yves Desrosiers et Jean Massicotte. Et la vie a fait en sorte que je collabore moi-même avec Jean Massicotte, deux fois plutôt qu’une ! Je crois que le fait que Lhasa choisisse de s’établir à Montréal et d’y développer son art a contribué à faire de la métropole un lieu vibrant de découvertes et de création. »
Yves Desrosiers et Lhasa, comme frère et sœur
Parlant d’Yves Desrosiers, ce musicien, compositeur et producteur a beaucoup à dire lorsque vient le temps de se remémorer Lhasa. « On s’est rencontrés grâce à une amie commune. Quand Lhasa m’a dit qu’elle chantait, je lui ai laissé mon numéro de téléphone. Et quand je l’ai entendue chanter, j’ai tout de suite compris qu’elle avait quelque chose d’unique. De là sont nées notre collaboration et notre amitié. Elle était comme ma petite sœur. » Une amitié et une collaboration fructueuses, si on se fie au succès de l’album La Llorona, dont plus de 400 000 copies ont été vendues au Canada et en France.
Les plus beaux souvenirs d’Yves Desrosiers restent toutefois ces moments où il accompagnait Lhasa sur scène, alors qu’elle était encore peu connue. « J’ai vu cette artiste naître. Et je donnerais n’importe quoi pour la voir revivre et jouer avec elle de nouveau. »
Patrick Watson : un lien indicible
Outre Yves Desrosiers, d’autres artistes ont eu la chance de partager la scène avec Lhasa de Sela. Parmi ceux-ci, nul autre que l’auteur-compositeur-interprète Patrick Watson. « J’ai connu Lhasa lors d’un concert-bénéfice. Durant sa prestation, j’ai senti une connexion musicale avec elle. Une amitié est née entre nous et Lhasa s’est montrée très généreuse envers moi. Non seulement elle m’a invité à faire ses premières parties, mais elle a souvent donné son opinion sur mes compositions. Malgré l’intensité qu’elle pouvait dégager sur scène, je me souviendrai toujours de la femme drôle et légère qu’elle était. Tout comme le Québec se souviendra toujours de son héritage musical. Cela dit, aucun mot n’arrive vraiment à décrire Lhasa et à décrire ce que je ressens pour elle. Tout ce que je peux affirmer, c’est que je l’aimais et que je l’aime encore, malgré sa mort. »
Pour aller au-delà des mots, rien de tel que de laisser la place aux chansons et de Lhasa et aux mouvements des corps sur sa musique.
Le spectacle Danse Lhasa Danse, une ode à la vie sera présenté au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts le 6 février 2020.