Nikamu mamuitun – Chansons rassembleuses : du rêve à la magie
Nikamu mamuitun – Chansons rassembleuses. C’est le nom du spectacle que présenteront huit jeunes auteurs-compositeurs autochtones et allochtones en octobre à la Place des Arts. Réunis lors d’une résidence de création à Petite Vallée, au printemps 2017, ils ont eu la chance de travailler à écrire et à interpréter des chansons en langues autochtones et en français, avec des guides comme Florent Vollant et Marc Déry. Florent Vollant, instigateur du projet, nous offre son regard passionné sur ce processus.
Le spectacle a été créé et présenté lors du Festival en chanson de Petite-Vallée, puis au Festival Innu Nikamu de Maliotenam, à l’été 2017. D’où vient l’idée de créer une telle rencontre interculturelle ?
D’un rêve, d’un vrai rêve d’Alan Côté, le directeur du Festival en chanson de Petite-Vallée. Il me voyait, dans son rêve, réunir des musiciens autochtones et non autochtones pour qu’ils travaillent ensemble. Lorsqu’il m’a appelé, je lui ai dit qu’on allait poursuivre le rêve, car dans la culture innue, le rêve est important et il faut l’honorer. Le projet de Chansons rassembleuses était né.
Le projet réunit de jeunes musiciens que vous ne connaissiez pas ou très peu. Pourquoi ?
J’ai voulu jumeler des jeunes qui ne se connaissent pas et qui ne sont pas connus. L’idée n’était pas de les faire connaître au public, mais de les amener à se connaître entre eux, à échanger, à se rencontrer.
Comment se sont déroulées ces rencontres, notamment au début du projet ?
Au premier contact, il y avait une espèce de curiosité. Les jeunes Québécois ne connaissent rien des autochtones, à part ce qu’ils en ont appris à l’école, et c’est trop peu. Alors ils ont découvert un monde, ils ont découvert une âme, ils ont découvert un esprit. Et les jeunes autochtones ont découvert une ouverture.
Les autochtones connaissent davantage les Québécois et leur musique que l’inverse, non ?
Oh oui ! Ça fait longtemps qu’on marche avec vos bottines, mais vous n’avez jamais marché avec nos mocassins. Mais eux, les jeunes, ils se découvrent. Ils sont ouverts, ils sont talentueux, ils ont besoin de s’exprimer et ils le font d’une très belle manière. Et je découvre cette ouverture, moi aussi. Je suis le premier témoin d’une rencontre, je suis le témoin d’un échange, je suis le témoin d’une découverte.
« Je m’attendais à tout et à rien. Ce qui en sort, c’est de la magie… c’est plus grand que nous. »
À quel résultat vous attendiez-vous, musicalement ?
Je m’attendais à tout et à rien. Ce qui en sort, c’est de la magie… c’est plus grand que nous. La musique, c’est fort. Je ne pense pas qu’en politique, il puisse se passer de telles choses, mais en musique, ça se passe. On a juste mis du monde ensemble, puis ils se sont accueillis, ils ont créé, et c’est beau, c’est à pleurer !
Comment avez-vous embrassé votre rôle de mentor, votre rôle de guide ?
J’écoute, je suis le premier à écouter, le premier à entendre la mélodie, le premier à vivre l’harmonie. L’inspiration est là. Moi, ce que je peux faire, ça devient technique. Plus ça avance, moins je m’interpose. Il ne faut pas déranger ça, c’est ce que j’ai appris. Je vais essayer d’être utile jusqu’à la fin. Ils ont parfois besoin d’aide, qu’on leur dise où ne pas aller. Je peux proposer un changement de tonalité ou le déplacement d’un accord. Pas plus, pas besoin. Ils ont franchi des étapes, ces jeunes, et maintenant, ils se connaissent.
Qu’est-ce le public pourra voir, ou vivre ?
Le spectacle est une expérience, c’est un beau moment, un bel échange. On a su faire quelque chose de vrai et d’authentique. Les gens vont sentir cette intention de vérité. Il y a une belle innocence, des artistes, des mélodistes qui se sont mis ensemble. C’est beau ce qu’ils proposent et c’est très actuel.
Était-ce un rêve prémonitoire proposant une voie vers de meilleures collaborations interculturelles ? Ces chansons seront-elles véritablement rassembleuses ?
C’est une expérience nouvelle et émergente, c’est sûr que ça va aider à mieux se comprendre. Et je serai curieux de savoir ce que les jeunes de la gang pensent, justement, de l’appropriation culturelle et de ce qu’on a vécu dernièrement. Le rêve est puissant, on va suivre le rêve. C’est beau à voir, c’est beau à vivre. J’apprends beaucoup, je suis content, je suis fier.
Le spectacle sera présenté le 26 octobre 2018 à 20 h, à la Cinquième salle de la Place des Arts.
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Reportages de La Fabrique culturelle réalisés lors de la résidence de création :