Montreal Loves Hip Hop : un devoir de mémoire sur l’histoire de la scène hip-hop montréalaise
Alors qu’août 2023 marque le demi-siècle d’existence du style musical, l’histoire du hip-hop à Montréal est l’objet d’une exposition présentée dans le cadre de JOAT Festival international de street dance, du 29 août au 3 septembre à la Place des Arts. Avec Martin « Cholo-B » Sanchez et Marc « Scramblelock » Sakalauskas, deux danseurs et collectionneurs d’archives et d’objets qui se retrouvent dans l’exposition, retraçons les moments et lieux marquants des dernières décennies!
La naissance du projet
Martin a commencé à danser en 1995 et à accumuler des encarts d’événements auxquels il participait, des cassettes, des enregistrements d’émissions, sans penser en faire une collection. C’est ainsi, tranquillement, que sa collection a pris forme. La première vidéo que Marc a reçue, juste après qu’il ait commencé à danser en 1998 à l'âge de 15 ans, en était une du « B-Boy » Ken Swift que son père avait commandé directement par téléphone au danseur de New York. Par la suite, il s’est spécialisé dans les vidéos et les livres sur le hip-hop. C’est en discutant de leurs collections personnelles au restaurant avec les DJs Frank BLVD et DJ Devious qu’ils ont pensé à se regrouper afin de créer une exposition multimédia. Pour eux, il s’agit d’un nécessaire devoir de mémoire sur ce qui a précédé la scène hip-hop actuelle, mais aussi une occasion de créer des ponts entre les premiers artisans et la nouvelle génération. La première édition de l’exposition a eu lieu à Lachine l’an dernier et, cette année, l’occasion s’est présentée de participer au JOAT festival et de recréer une exposition plus axée sur le street dance.
Crédit : Gabriel Fournier
Émergence du hip-hop à Montréal
Favorisée par la proximité avec New York, Montréal a une belle histoire hip-hop depuis les années 80. Il a d’abord fait son apparition dans les communautés anglophones et immigrantes, pour rapidement devenir populaire. « On pouvait assister à des compétitions de breaking partout, tout le monde avait un groupe de break » affirme Martin. Ce succès fut de courte durée : le mouvement s’est vite essoufflé pour ne conserver que l’élément rap sur une scène plus marginale.
Breakdance ‘84
Organisé par la radio CKGM, Breakdance ‘84 est connue comme étant la première compétition de break à Montréal et par conséquent la première occasion où cette danse fut reconnue et méritait sa place sur scène. Ce n’est pas sous forme de battle qu'elle s’est déroulée, mais plutôt en format audition, où chaque participant devait présenter un spectacle de danse. Le gagnant remportait 1000 $ et se voyait offrir la première partie de nul autre que James Brown! C’est le groupe New Energy qui a remporté les honneurs, ce qui a mené le duo à devenir juge à l’émission de télévision Pop Express, où des danseurs se produisaient chaque samedi. Pour l’exposition, Martin est parvenu à retracer les membres du groupe qui lui ont fourni des objets, trophées, affiches et même des photos de leur prestation avant un match des Expos!
Le radio cassette
Il peut parfois paraître cliché, mais le radio cassette portatif, communément appelé « boombox » ou « beat box », a littéralement sorti les danseurs dans les lieux publics. Alimenté par des piles, il a ainsi permis aux « b-boys/b-girls » de performer à l'extérieur et pouvoir se pratiquer quand ils le désiraient. Le format cassette a aussi permis une plus grande diffusion du style, puisque les gens pouvaient enregistrer facilement et échanger la musique. Plusieurs modèles de radio cassette appartenant à Martin se retrouvent dans l’exposition.
Crédit : Gabriel Fournier
Les lieux montréalais
Pour les spectacles, le défunt Spectrum a accueilli plusieurs événements d’importance, mais le premier endroit à recevoir des groupes comme Public Enemy fut le James Lyng High School.
Le Centre de danse de Longueuil était la place où affronter les meilleurs danseurs de break, alors que le Palladium à Montréal a aussi accueilli plusieurs compétitions.
Scène hip-hop Montréal en 2023
Même si le hip-hop montréalais est maintenant plus reconnu, beaucoup de groupes de break ont plus de reconnaissance à l’international qu’ici et c’est encore dur de gagner sa vie de cet art, déplorent les collectionneurs. De plus, le mouvement se divise en plusieurs niches, soit le break, la musique, le DJ, ou le graffiti, qui communiquent peu entre elles. De là toute l’importance d’événements de l’envergure de JOAT. « Ça a grandi, c’est plus accepté, mais il ne faut pas oublier ce qui s’est passé avant nous, d’où ça vient et qui a contribué » rappelle Marc.
L'exposition Montreal Loves Hip Hop est présentée jusqu'au 3 septembre et ce week-end, juste à côté, vous pourrez également visionner une série de documentaires sur l’histoire du Hip Hop à la Salle Claude-Léveillée.
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L’exposition nous a donné le goût, nous aussi, de fouiller dans nos archives à la recherche de moments marquants du hip-hop à la Place des Arts. Voici quelques moments marquants: