L’artiste est celui qui fait voir l’autre côté des choses (1992) - Claude Bettinger
Credit photo : Caroline Bergeron
Né à Lyon et arrivé au Québec à l’âge de 10 ans, Claude Bettinger fait partie d’une famille de verriers qui inclut son grand-père, son père ainsi que son fils. Il a d’ailleurs travaillé à la restauration de plusieurs vitraux sacrés du Québec. Même s’il était aussi sculpteur, Bettinger réalisa plusieurs œuvres d’art public composées de vitraux : pour le sanctuaire Sainte-Marguerite-d'Youville à Varennes (1985), pour l’École primaire Entramis à Repentigny (1985-1986), pour la station de métro Côte-des-Neiges (1986), pour l’hôpital Notre-Dame-de-la-Merci (1992)… Mais Bettinger insistait sur le fait qu’il travaillait le vitrail – et la lumière – comme de la sculpture.
Cette œuvre évoque le monde du rêve, de l’imaginaire et de l’invention. Vue de l’extérieur, de l’esplanade de la Place des Arts, elle ressemble à la capsule spatiale plantée dans la surface sélénienne dans le film Le Voyage dans la lune (1902) de George Mélies. De l’intérieur, comme se plaisait à le dire Bettinger, son œuvre tient plus « du kaléidoscope ou du périscope géant ». Il y a dans cette œuvre l’évocation de ce qui est devenu un jeu pour enfant et qui permet de transformer le réel en quelque chose de merveilleux, hors du commun. Bettinger expliquait d’ailleurs que « l’art n’est pas une décoration. C’est ce qui remet en question, ce qui nous interroge, nous fait voir autrement ». Dans cette œuvre, il faut remarquer la présence d’un autoportrait en métal de l’artiste - qui se profile dans sa partie inférieure – et qui semble nous pointer comment celui-ci voit le monde…
« L’art n’est pas une décoration. C’est ce qui remet en question, ce qui nous interroge, nous fait voir autrement »
Bettinger fut un ardent défenseur du programme québécois d’intégration des arts à l’architecture auquel il a participé à maintes reprises et qui a permis la création de cette œuvre. Quelques semaines avant son décès soudain, il écrivait une lettre ouverte au journal La Presse où il réagissait très sévèrement au désir de certains de faire disparaître ce programme : « Cette politique a pour effet de mettre le citoyen en présence de l’art dans sa vie quotidienne, une présence de l’art actuel, fait par les artistes du milieu. Cette présence de l’art est essentielle, pour combler les lacunes d’une société culturellement pauvre ».
Credit photo : Caroline Bergeron
L’artiste est celui qui fait voir l’autre côté des choses (1992)
Claude Bettinger (1942-1998)
Situé sur l'Esplanade de la Place des Arts