Irvine Welsh, un auteur dur mais clairvoyant
Connu pour Trainspotting et pour ses romans subséquents sur les mêmes personnages drogués et fauchés du quartier Leith d’Édimbourg, en Écosse, Irvine Welsh est l’auteur d’une œuvre tissée d’oralité claquante qui pose un regard lucide sur notre rapport au monde.
Comme ses mythiques personnages Trent et Renton, Irvine Welsh a été accro à l’héroïne au début des années 1980, dans une Écosse sclérosée par la crise économique. Mais cet écrivain né dans une famille modeste, qui a abandonné l’école à 16 ans (pour mieux y revenir à l’âge adulte et décrocher un MBA), a aussi été chanteur punk avant de connaître le succès comme écrivain puis de s’installer aux États-Unis. Il vit aujourd’hui en Floride, où il continue de faire vivre dans ses romans les personnages de Trainspotting et de créer, roman après roman, une percutante saga de la désillusion sociale.
Le ballet des inadéquats
Ses livres sont brutaux comme ceux de Brett Easton Ellis. Mais ils sont également tendres et perspicaces. Depuis le long métrage réalisé par Danny Boyle en 1996 à partir de son premier roman au succès fulgurant, Irvine Welsh est devenu le symbole d’un Occident en perte de sens devant le capitalisme effréné. « Nous sommes tous des marginaux à cause de notre système économique », disait-il en 2019 à Metro News World.
L’inadéquation au monde est son thème favori. C’est parce qu’ils se sentent exclus que les sympathiques « loosers » de Trainspotting sombrent dans la drogue et l’abîme. Quand Welsh les fait réapparaître dans Porno (2002), dans Skagboys (2012), dans The Blade Artist (2016 – traduit sous le titre L’Artiste au couteau) ou dans Dead Men’s Trousers (2018 – DMT en version française), ils ont peu changé et pourchassent leur jeunesse perdue. Dans d’autres romans, comme Glu (2001) ou The Bedroom Secrets of the Master Chefs (2006 – Recettes intimes de grands chefs en français), il crée d’autres personnages qui leur ressemblent, mâles décadents à la recherche d’une utopie dans le stupre, la drogue et la musique.
Les textures d’une langue
L’écriture d’Irvine Welsh est rythmée et tournoyante. Mais surtout, elle incarne les textures de la langue vernaculaire d’Édimbourg et célèbre la différence linguistique écossaise.
Reproduisant avec une féroce exactitude le parler des rues, il va jusqu’à varier la ponctuation en fonction de chaque personnage, soucieux de faire entendre les voix et les inflexions. Pas étonnant que le cinéma et le théâtre se soient rapidement emparés de ses textes. Jusqu’au Québec, où, dans une adaptation théâtrale de Trainspotting sous la plume de Wajdi Mouwad, la langue populaire écossaise a pris sans peine les colorations du français québécois.
Conformément aux directives gouvernementales, la Place des Arts suspend jusqu’à nouvel ordre tous ses spectacles et autres activités publiques. Il s’agit d’un cas de force majeure liée à la pandémie du coronavirus COVID-19. Conséquemment, le spectacle d'Irvine Welsch qui devait avoir lieu le 24 avril est annulé. Les détenteurs de billets seront informés par courriel sur les procédures qui seront mises en place.
En trois clics
Une vingtaine d’années après la sortie de l’adaptation au grand écran de Trainspotting (Ferrovipathes chez nous), le Festival international du film de Toronto demandait à Irvine Welsh de commenter le film original et le long métrage Trainspotting 2, paru en 2018 (vidéo en anglais).
Cette entrevue de France 24 English plonge dans l’œuvre d’Irvine Welsh et l’interroge au sujet de ses personnages culte (vidéo en anglais).
En 2013, la Québécoise Marie-Hélène Gendreau a mis en scène au théâtre une adaptation de Trainspotting par l’auteur dramatique Wajdi Mouawad, avec le comédien Lucien Ratio dans le rôle de Renton.