En résidence – un foisonnant laboratoire de création avec Édouard Lock
Ils sont 16. Certains ont une feuille de route bien remplie comme interprètes en danse sur les scènes d’ici et d’ailleurs. Les autres sont des artistes émergents ayant une formation à l’École de danse contemporaine de Montréal ou à l’École supérieure de ballet du Québec. Pendant six jours, ils ont eu la chance d’occuper le Théâtre Maisonneuve avec le chorégraphe Édouard Lock pour contribuer à Propulsion, un laboratoire de recherche et de création unique en son genre.
C’est une occasion rare. Le chorégraphe Édouard Lock, bien occupé par ses propres créations et les invitations de troupes prestigieuses à l’international, ne se soumet pas souvent à l’exercice de la classe de maître ou du laboratoire avec de jeunes interprètes. « Et pourtant, dit-il, c’est une chance de pouvoir travailler dans ce cadre, sans la pression de produire un spectacle. Ces quelques jours sont une pure plongée dans les joies de la création et de la recherche, avec pour seul objectif de progresser ensemble dans une certaine émulation. »
Il n’a pas hésité à répondre à l’invitation de Lisa Davies, qui a uni les forces de Danse à la Carte, Danse Danse et Diagramme pour rendre possible cette rencontre.
« C’est une chance de pouvoir travailler dans ce cadre, sans la pression de produire un spectacle. Ces quelques jours sont une pure plongée dans les joies de la création et de la recherche, avec pour seul objectif de progresser ensemble dans une certaine émulation. »
Comme aux premiers jours d’une création
On pousse la porte du Théâtre Maisonneuve pour découvrir, au jour un, les 16 participants en train de faire connaissance. Le groupe est très varié. Riche d’expériences diverses, rassemblant des membres d’une variété de pratiques, porteur d’un vaste monde de regards et de perspectives. « Cela me rappelle le début d’un processus de création avec une nouvelle équipe, quand je débarque dans un autre pays pour découvrir de nouveaux danseurs », se réjouit Édouard Lock.
Un peu de théorie en début de journée, puis les corps se délient, déjà. Le groupe se décompose en sous-groupes de quatre personnes, à qui le chorégraphe propose de travailler différentes variations. L’approche est personnalisée : Lock déambule, corrige la posture de l’une, aide l’autre à singulariser son mouvement. « J’essaie de créer une relation avec chaque interprète, dit-il. Et de favoriser un climat qui permettra aussi aux danseurs de collaborer. On est là pour chercher ensemble. Mais l’objectif est aussi de réseauter. Si des rencontres de ce labo enclenchent des collaborations, on pourra dire : mission accomplie. »
Tout se passe au-delà du bassin
Édouard Lock est connu pour déployer une danse à la fois très technique, qui se réapproprie parfois les codes du ballet et qui les réinvente, ainsi qu’une danse expressive et sensuelle qui ne se prive pas de démesure. Impossible de travailler tous ces aspects en six jours seulement, avec des interprètes fraîchement rencontrés. Le chorégraphe a donc choisi d’explorer avec eux le haut du corps.
« On se concentre sur le buste, les bras, les mains et la tête, explique-t-il. C’est la partie du corps que le grand public manie le plus facilement. Elle revêt donc une grande signification. J’aime aborder la question à l’aide de considérations très quotidiennes, en rappelant l’importance de cette partie du corps, que tout le monde, même les non-danseurs, utilise à fond et souvent avec singularité. Cela nous permet donc de créer des liens entre la scène et le public. J’aime créer ce sentiment d’identification. »
Et la matière est riche. En solo, en duo, en formations groupées, la gestuelle du haut du corps se transforme. Elle est tantôt souple et arrondie, pour mieux interagir avec les autres corps, tantôt ferme et saccadée, apte à représenter un désir d’affirmation ou une agitation de l’esprit. « Les interprètes sont devant un contenu complexe, souligne le chorégraphe. Je ne me retiens pas d’aller dans le détail. »
« On est dans un état de recherche, et c’est très nourrissant. Je remarque que ça permet à tout le monde d’être détendu et disponible », conclut Édouard Lock. Un moment de création pure, dont les artistes avaient bien besoin.
Artistes et mentors : Véronique Giasson, Sara Harton, Diana Leon, James Phillips, Dorotea Saykaly, Samuel Tétreault, Paco Ziel
Artistes émergents : Chanelle Allaire, Hannah-Jane Clutchey, Aurélie Ann Figaro, Rony Joaquin Figueroa, Sarah-Maude Laliberté, Élodie Scholtes Labrecque, Isabelle Sue Pilette, Elljay Timmangen, Rose Trahan
Photos : Thibault Carron