En orbite - Jocelyn Ménard et la SACEF : la chanson francophone en étendard
Artisan de la chanson lui-même, Jocelyn Ménard met aujourd’hui ses talents au service du développement de la chanson francophone à titre de directeur général et artistique de la Société pour l’avancement de la chanson d’expression française (SACEF). Rencontre.
À l’occasion de la Journée internationale de la francophonie 2019, celui qui dirige la SACEF depuis deux ans nous présente l’action de cet organisme et nous parle de son propre engagement envers les interprètes de la relève francophone.
Pouvez-vous nous résumer le mandat de la SACEF ?
Notre mission est de promouvoir la chanson d’expression française émergente par différentes activités qui créent un point de convergence entre les jeunes talents francophones. Pour ce faire, nous offrons des formations et nous organisons le concours Ma première Place des Arts. Nous programmons également chaque année une centaine de spectacles dans le cadre des Week-ends de la chanson Québecor, qui comporte une série Découvertes, consacrée aux premiers albums. Enfin, nous accueillons Du Haut des Airs Canada, une résidence en interprétation regroupant quatre artistes canadiens issus des quatre coins du pays. Cette résidence culmine par la production d’un spectacle présenté dans le cadre du festival Coup de cœur francophone.
Comment accompagnez-vous ces jeunes artistes ?
Nous proposons depuis 2018 une série d’ateliers-conférences où nous abordons la réalité du milieu et différents aspects du métier à connaître en début de carrière, comme la promotion radio ou la réception de la critique. Nous avons aussi lancé l’abonnement SACEF, qui permet aux artistes d’accéder à des formations pratiques. Ces formations sont consacrées au jeu, au travail de la voix ou à l’utilisation de logiciels durant les spectacles. Nous offrions déjà ce volet aux participants de Ma première Place des Arts, mais nous trouvions important d’ouvrir cette offre à d’autres artistes.
Quel est le lien qui unit la SACEF à la Place des Arts ?
La Place des Arts accueille l’essentiel de notre action. Depuis 25 ans, nous y organisons notre concours et nous assurons la programmation de la salle Claude-Léveillée de septembre à la mi-juin. La Place des Arts nous permet de rayonner à travers la province ; c’est un de nos partenaires principaux.
En quoi consiste votre rôle de directeur de la SACEF ?
Je dois avant tout veiller au bon déroulement logistique et à la qualité de notre programmation. Par ailleurs, la SACEF est une petite équipe, qui a beaucoup de collaborateurs et de partenaires extérieurs qui lui donnent énormément de visibilité, comme Québecor. J’ai un rôle de liant entre d’une part ce que la SACEF veut offrir et les résultats escomptés pour les jeunes artistes, et d’autre part les partenaires qui contribuent à notre cause.
Vous travaillez à la SACEF depuis huit ans. D’où vient cet engagement ?
Je suis moi-même auteur-compositeur et interprète. J’ai participé à des concours par le passé, dont celui du Festival international de la chanson de Granby, que j’ai remporté en 2007. Cette expérience a développé en moi des aptitudes en gestion de projet. Lorsqu’on m’a proposé de me joindre à la SACEF, j’ai saisi cette occasion en or de contribuer à la chanson francophone plus largement. J’ai dû mettre mes propres projets musicaux entre parenthèses pour me consacrer à mon mandat, mais je reviens depuis peu à la composition…
Votre expérience d’artiste a-t-elle influencé les services que la SACEF propose ?
Mon parcours m’a permis d’imaginer ce que j’aurais souhaité vivre comme expérience en participant à un concours de chanson. Beaucoup de changements dans nos actions ont été le fruit de cette réflexion, comme la bonification de l’encadrement offert aux jeunes artistes.
Quelle est votre plus grande fierté, en tant que directeur ?
Nous donnons énormément aux artistes ; c’est un plaisir de soutenir leurs efforts personnels, notamment grâce au concours Ma première Place des Arts. C’est un travail colossal, mais qui en vaut la peine pour défendre la chanson francophone. Quand la saison se termine avec succès, et que l’on voit des artistes comme Philippe Brach ou Klô Pelgag continuer leur chemin, c’est une belle récompense. En fait, je suis fier de contribuer à faire une différence pour tous les interprètes, qu’ils deviennent connus par la suite ou pas.
Des nouveautés au programme pour 2019 ?
Cette année va s’inscrire dans la continuité des changements que nous avons opéré l’an dernier. Nous comptons diversifier nos ateliers-conférences avec de nouvelles thématiques axées sur l’autogestion, parce que les artistes sont de plus en plus des entrepreneurs. Cela implique d’étendre encore plus l’éventail de nos intervenants. Par ces ateliers, nous suivons également l’avancement des dossiers chauds de l’industrie musicale, notamment le modèle de rétribution des auteurs. Je crois que ce modèle doit changer pour que les artistes ne soient pas lésés. C’est essentiel pour la survie de notre culture.